Le concept et son évolution
Le concept de ceinture verte prend son origine en Angleterre au 19e siècle. Il est associé à celui de la Cité‑Jardin théorisé par Ebenezer Howard. L’idéal d’une campagne agricole à proximité des villes est alors mis de l’avant, en opposition à la croissance des banlieues. La délimitation entre ce qui est la ville et ce qui ne l’est pas prend alors une grande importance. Après plusieurs années à théoriser le concept, une première ceinture verte est mise en place en 1935, autour de Londres en Angleterre. Elle a pour but de limiter la croissance urbaine, de protéger la campagne et l’accès à un territoire agricole pour approvisionner les citadins, ainsi que de faciliter l’accès à la nature pour les résidents (Amati, 2016).
À la même époque, d’autres villes européennes développent des concepts parallèles qui varient en forme, mais qui visent aussi à protéger le territoire naturel et agricole et à créer des limites franches entre ville et campagne (Carter-Whitney, 2010). C’est le cas notamment du cur vert des Pays‑Bas (Groene Hart) et le « plan des doigts » (Finger Plan) de Copenhague.
Aujourd’hui, plusieurs collectivités possèdent de telles ceintures vertes, plus particulièrement dans le Commonwealth et en Allemagne, où le concept s’est plus largement répandu.
Les bénéfices recherchés
La mise en place d’une ceinture verte peut servir à réaliser des objectifs multiples. Si les priorités varient d’une collectivité à l’autre, il est toutefois attendu des ceintures vertes qu’elles contribuent à :
- limiter l’étalement urbain et la suburbanisation et favoriser la consolidation urbaine;
- protéger et mettre en valeur les activités économiques qui dépendent des territoire naturels et agricoles, notamment l’agriculture et le tourisme;
- donner accès à une agriculture de proximité, qui facilite la mise en place de circuits courts
- protéger les cours d’eau;
- créer des trames écologiques, favorables à la biodiversité;
- pérenniser des paysages caractéristiques et culturellement significatifs, incluant les paysages agricoles;
- développer une offre récréotouristique et donner accès à une nature « de proximité » pour les résidents;
- bénéficier des services écologiques associés aux milieux naturels.
Les principes de gouvernance
En règle générale, la mise en place d’une ceinture verte équivaut à l’établissement d’un périmètre d’urbanisation autour des collectivités qu’elle englobe. Une telle zone peut s’étendre autour d’une municipalité, mais elle est plus souvent aménagée autour d’une agglomération, voire d’une région. Sa mise en place et son administration impliquent dans ces cas une forme de concertation entre les paliers de gouvernement impliqués et les administrations locales.
Par exemple, dans la région de Toronto, la ceinture verte découle d’une planification provinciale qui dicte les activités qui peuvent y prendre place. Les municipalités limitrophes ou intégrées à la ceinture verte doivent tenir compte de cette planification (Ontario. MAM, 2017). C’est le cas également des ceintures de Londres et Melbourne, qui fonctionnent sous un modèle similaire (Carter‑Whitney, 2010).
En Allemagne, le cas de Francfort est un exemple de ceinture verte instaurée par une municipalité. Une charte planifie et encadre le développement de cette zone. Les mesures qui en découlent sont intégrées dans les documents de planification urbanistique (Carter‑Whitney, 2010).
Plusieurs ceintures vertes sont administrées par des organismes parapublics. C’est le cas notamment de la ceinture de verdure d’Ottawa. Elle relève de la Commission de la capitale nationale (CCN), mandatée par le gouvernement fédéral. Cet organisme possède environ 75 % des terrains qui la composent (CCN, 2013), ce qui en fait un territoire facile à « contrôler ». Outre ce cas particulier, les ceintures vertes sont généralement composées de terrains privés.
Résister aux pressions du développement
Il convient d’ajouter que, malgré les mesures de protection mises en place, la pérennité des ceintures vertes n’est pas nécessairement acquise. Carter‑Whitney (2010) remarque que dans une majorité de collectivités dotées d’une telle infrastructure, la pression liée à la croissance est toujours présente. Les besoins en matière d’habitation, de transport et de grands équipements comme les aéroports constituent une menace à l’intégrité de ces zones protégées. Par ailleurs, des municipalités comme Londres mentionnent le risque que le développement se poursuive encore plus loin, au-delà de la ceinture verte (London First, 2015).