Profiter des projets immobiliers pour améliorer les milieux de vie
Densifier sans compromettre la qualité des milieux existants
La densification est un mode de croissance urbaine. Par opposition à l’étalement urbain, qui entraîne une extension de la ville, elle consiste à accroître le nombre de logements ou d’habitants au sein d’un milieu déjà urbanisé, permettant ainsi notamment d’éviter la perte de terres agricoles et le prolongement coûteux des infrastructures urbaines (Vivre en Ville, 2016).
Qu’il s’agisse de densification sous forme de consolidation ou de requalification urbaines, l’apport de nouveaux résidents dans un milieu peut contribuer à son amélioration, notamment par :
- la création de milieux de vie complets ;
- la rétention des commerces et des services de proximité existants et, au mieux, l'attraction de nouveaux établissements grâce à une demande accrue ;
- la diversification de l’offre en habitation, en mesure de répondre aux besoins de différents profils de ménages ;
- l’optimisation des infrastructures et des services publics, y compris du transport en commun ;
- l’apport de revenus supplémentaires pour la municipalité, permettant l’investissement dans les espaces publics et les services aux citoyens ;
- l’amélioration du cadre bâti dans les secteurs dévitalisés ou en développement.
Mal localisés ou conçus sans préoccupation pour la qualité des environnements créés, les projets de densification peuvent néanmoins avoir des conséquences négatives pour la collectivité. La perte d’espaces verts et du couvert forestier en ville, ainsi que la minéralisation des surfaces (p. ex. par l’asphalte) font partie de ces conséquences potentielles, tout comme l’accroissement de la circulation automobile dans les rues locales. Ces nuisances, qui ont d’ailleurs des répercutions négatives sur la santé de la population, peuvent être évitées par la mise en place de stratégies de verdissement (Vivre en Ville, 2017).
De nombreux bénéfices
Le verdissement, combiné à la densification, présente de nombreux avantages, à la fois pour les occupants des nouvelles habitations, les résidents des secteurs concernés, la collectivité, la Municipalité et les intérêts privés des promoteurs et des propriétaires immobiliers investis dans ce type de projet.
Ces avantages découlent en large partie des bienfaits et des services écologiques apportés par les végétaux en milieu urbain, surtout par les arbres à grand déploiement (Gosselin, 2015 ; Lafontaine-Messier et collab., 2010) qui :
- par l’ombrage et l’évapotranspiration, réduisent la chaleur de 5 à 12 ℃ par rapport à des zones asphaltées ou bétonnées situées à proximité (Lafontaine-Messier, Olivier et Chicoine, 2010) – participant ainsi à la réduction des îlots de chaleur urbains ;
- grâce à leur feuillage, améliorent la qualité de l’air et filtrent les polluants et les poussières, en plus de produire de l’oxygène ;
- favorisent l’infiltration naturelle des eaux de pluie, ce qui diminue le ruissellement d’eau polluée vers le réseau municipal et les cours d’eau.
Outre ces services écologiques, le verdissement urbain apporte de nombreux bénéfices sociaux et économiques aux individus et à la collectivité (Gosselin, 2015 ; Lessard et Boulfroy, 2008 ; Vivre en Ville, 2014), dont :
- un plus haut niveau d’activité physique grâce aux possibilités plus nombreuses d’activités extérieures ;
- un sentiment de bien-être psychologique accru, dont une réduction du stress ;
- une meilleure santé de la population, attribuable entre autres à la qualité de l’air et au confort thermique (absence d’îlots de chaleur urbains) ;
- une augmentation des valeurs foncières, en grande partie due à la présence d'arbres à grand déploiement ;
- une gestion des eaux de pluie plus durable et moins coûteuse pour les municipalités ;
- un attrait et une valeur de vente supérieure pour les projets immobiliers verdis ;
- un plus grand attrait pour les quartiers ou les secteurs urbains arborés.
Enfin, en contexte de densification, le verdissement peut être une clé de l’acceptabilité des projets immobiliers par la population et de l’attrait des habitations de moyenne et de forte densité. Mieux intégrés à leur environnement grâce à la conservation des arbres et à un meilleur aménagement de la parcelle et offrant des espaces extérieurs intéressants pour les futurs résidents, les projets verdis contribuent résolument au maintien, voire à l’amélioration, de la qualité d'un milieu de vie.
Diverses stratégies
De nombreuses avenues se présentent aux promoteurs et aux concepteurs immobiliers afin de verdir les projets de densification. Les municipalités, comme les citoyens, peuvent par ailleurs demander à élever la qualité des projets de consolidation et de requalification par la mise en œuvre des différentes stratégies de verdissement. Ces dernières s’attardent à la localisation des projets de densification, à l’aménagement des parcelles et à l’architecture des bâtiments.
La localisation et l’accès aux transports collectifs : un prérequis
La densification implique, de prime abord, d’intervenir sur une parcelle en milieu urbanisé et déjà desservie par des infrastructures urbaines, évitant le déboisement, l’empiètement sur les terres agricoles et l’imperméabilisation des sols au pourtour des villes. Par ailleurs, la proximité d’un projet à un service efficace de transports collectifs et aux services de proximité détermine en grande partie le mode de transport qui sera utilisé par les occupants du bâtiment et, par conséquent, la demande de stationnement.
Le stationnement
Consacrer de vastes superficies au stationnement dans un milieu dense est une utilisation bien peu optimale d’un terrain. Limiter le nombre de cases de stationnement (entre autres grâce à la bonne localisation) et réduire la superficie occupée par celles-ci peut s’avérer une stratégie gagnante sur plusieurs plans, notamment en matière d’environnement, de santé publique et de rentabilité pour le promoteur.
Quelques pistes d’action (BNQ, 2013 ; CRE Montréal, 2014) :
- Diminuer la demande en stationnement.
- Assurer une localisation du projet à proximité du transport collectif, et dans un milieu qui favorise les déplacements actifs.
- Vendre ou louer les cases de stationnement en sus des unités d’habitation.
- Réserver des cases de stationnement pour l’autopartage.
- Privilégier l’aménagement de stationnements en structure (étagés ou souterrains).
- Réduire la taille des cases et des allées.
- Ombrager les aires de stationnement de surface par l’aménagement des banquettes de plantation comprenant des arbres.
- Faciliter l’infiltration des eaux de pluie par l’aménagement de fossés, de noues végétalisées ou de tranchées filtrantes.
- Utiliser des matériaux perméables (p. ex. pavé alvéolé, béton poreux, pavé perméable) ou possédant un indice de réflectance solaire (IRS) élevé (p. ex. béton clair, peinture réfléchissante).
Les arbres
Un projet immobilier devrait éviter de détériorer le milieu dans lequel il s’implante et, au premier chef, éviter l’abattage ou la dégradation des arbres matures en place. Si ces arbres sont précieux pour le milieu (Vivre en Ville, 2016), ils s’avèrent aussi une valeur ajoutée pour un projet immobilier, voire un élément de signature.
Quelques pistes d’action (Lamontagne, 2016) :
- Évaluer la santé des arbres existants pour identifier les arbres sains et à conserver.
- Tenir compte des arbres existants dans le choix d’implantation des voies de circulation, des bâtiments et des aménagements extérieurs, incluant les accès et les aires de stationnement.
- Planifier la plantation d’arbres à grand déploiement.
- Privilégier des espèces indigènes.
- Au chantier : faire appel à des professionnels (p. ex. arboriculteur, ingénieur forestier), assurer la surveillance des chantiers et appliquer des techniques reconnues de protection des arbres
Les aménagements extérieurs
Les aménagements extérieurs, même dans des espaces restreints, peuvent contribuer à rendre un milieu de vie attrayant et favorable à la santé en privilégiant une végétation riche et arborée plutôt que des surfaces minéralisées ou uniformément gazonnées. Les occupants d’un bâtiment, ainsi que la collectivité, bénéficieront des bienfaits multiples de ces espaces verts, dont le rafraîchissement lors de vagues de chaleur, ainsi que la rétention et l’infiltration des eaux de pluie.
Quelques pistes d’action (CEUM, 2013 ; Écohabitation, s. d.) :
- Minimiser les surfaces minérales et imperméables en mettant à profit, au besoin avec des bacs et des structures, tous les espaces pouvant être végétalisés : pourtour du bâtiment, interstices, dessous d’escalier, etc.
- Prévoir des aménagements contribuant à la gestion durable des eaux pluviales, tels que les jardins de pluie, les noues paysagères, les tranchées filtrantes, les bassins de rétention secs, etc.
- Privilégier des plantations diversifiées et indigènes, notamment par le choix d’un couvre-sol autre que la pelouse conventionnelle.
- Planter des haies et des arbustes pour créer des écrans entre les espaces privés, au service de l'intimité des occupants, ainsi qu’entre les zones de stationnement ou de circulation et les habitations.
- Intégrer des aménagements comestibles et offrir des occasions pour l'agriculture urbaine en prévoyant leur localisation potentielle (au soleil) et les équipements nécessaires (prise d’eau, cabanon, composteur, etc).
Les toits, les murs et les balcons végétalisés
Le manque d’espace en milieu urbain dense peut limiter les possibilités de plantation et de verdissement au sol. Dans de tels contextes, souvent associés aux îlots de chaleur urbains, il convient de tirer profit de toutes les surfaces disponibles pour verdir le toit, les murs des bâtiments et offrir des espaces de plantation sur les balcons.
La végétalisation des toits constitue une stratégie aux bénéfices multiples pour contrer l’effet d’îlot de chaleur urbain tout en gérant de façon durable les eaux de pluie. La présence de verdure en toiture et le phénomène d’évaporation qui l’accompagne contribuent à la fraîcheur ambiante, mais également au confort thermique à l’intérieur du bâtiment (Cosgrove et Spino, s. d.).
Quelques pistes d’action :
- Concevoir la toiture (sa structure et sa membrane) de façon à pouvoir accueillir un toit vert, que celui-ci soit installé au moment de la construction, ou a posteriori.
- Prévoir les accès au toit, les garde-corps et, au besoin, des prises électriques et des prises d’eau facilitant le jardinage.
- Choisir le type de toiture végétale le plus approprié pour le projet (extensif ou intensif).
La végétalisation des murs constitue un moyen relativement simple d’ajouter des végétaux dans un espace restreint, adapté aux zones urbaines les plus denses. Un écran végétal sur un mur exposé au soleil a le potentiel d’apporter un rafraîchissement au bâtiment ainsi qu’au milieu ambiant, en plus d’en améliorer l’esthétique (Bernier, 2011). Si les murs vivants sont difficiles à entretenir au Québec, les murs recouverts de plantes grimpantes fonctionnent très bien.
Quelques pistes d’action (Bernier, 2011) :
- Choisir les plantes grimpantes appropriées en fonction de l’exposition au soleil, du type de sol et des matériaux de façade.
- Prévoir des bandes de plantation au pied des murs ou des bacs installés au sol ou sur les terrasses.
- Au besoin, et selon la variété de plantes, prévoir un système de support formé de câbles, d’un treillis, etc.