Un nouveau type d’espace public
Le concept du placottoir est vraisemblablement né à San Francisco, en 2010. En réponse à la popularité de l'événement Park(ing) Day, né lui aussi dans cette même ville, la municipalité met sur pied un projet pilote visant à aménager cinq espaces publics sur rue, en remplacement de cases de stationnement (Pavement to Parks, s.d.). Dans un contexte de déficit municipal, les placottoirs se présentent comme un partenariat réussi entre le public, le privé et la communauté : financés par le programme municipal Great Streets Project ainsi que des dons, entretenus par des entreprises locales, et construits par des bénévoles, ces «parklets» prouvent rapidement leur pertinence et leur popularité.
Le succès de San Francisco et ses placottoirs a inspiré de nombreux organismes, entreprises, regroupements citoyens et même d’autres municipalités à reprendre ce concept d’espace public.
Le placottoir, un espace à usage public ou privé?
Les placottoirs sont, par définition, des espaces publics accessibles à tous et situés sur le domaine public - la rue. Cependant, contrairement à la majorité des espaces publics au Québec, ils peuvent être l’initiative d’un organisme ou groupe de citoyens, d’une institution ou d’une entreprise, qui en assurent le financement, la mise en place et l’entretien.
Similaire au placottoir, le café-terrasse sur rue vise quant à lui la clientèle d’un établissement particulier, devant lequel il est installé. D’usage privé, il joue le même rôle qu’une terrasse aménagée sur le trottoir (Le Plateau-Mont-Royal, 2016). Il permet d’animer la rue sans nuire aux piétons, notamment dans les milieux où les trottoirs sont étroits.
Des écriteaux précisant l’usage public du placottoir sont d’ailleurs exigés par certaines municipalités afin de distinguer ces derniers des café-terrasses (City of Vancouver, 2016 ; Le Plateau-Mont-Royal, 2016; Pavement to Parks, 2015).
Les bénéfices associés
La popularité des placottoirs est attribuable aux nombreux bénéfices qu’ils offrent à la municipalité, à la communauté et aux commerçants (Le Plateau-Mont-Royal, 2016; Pavement to Parks, 2015).
- Embellissement et dynamisation de l’espace public : le retrait d’une ou de plusieurs cases de stationnement et l’aménagement du placottoir participent à la qualité du paysage de la rue, ainsi qu’à la vitalité urbaine.
- Amélioration de la qualité de vie : le placottoir permet de bonifier l’offre en espaces publics dans les quartiers qui en comptent très peu.
- Promotion des déplacements actifs : le placottoir constitue un lieu d’arrêt pour les piétons et permet l’installation de supports à vélos supplémentaires en période estivale. Par ailleurs, le placottoir peut agir comme mesure d’apaisement de la circulation.
- Sentiment d’appartenance et communauté : lieu de rencontre et d’échanges, le placottoir peut devenir un lieu significatif pour la communauté, en plus de favoriser le sentiment d’appartenance des citoyens impliqués dans sa mise en place.
- Attractivité commerciale : le placottoir peut participer à la vitalité d’une rue commerciale et augmenter son achalandage alors qu’ils constituent un attracteur et contribuent à l’ambiance de la rue.
- Verdissement : le placottoir peut constituer une occasion de verdir un milieu dépourvu de végétation.
Mise en oeuvre et cadre normatif
L’absence de normes, de réglements ou de processus officiels de demande de permis est un frein à la mise en place de placottoirs. Alors qu’ils doivent être traités au cas par cas par les autorités municipales, la démarche peut être longue et nécessiter de nombreux allers-retours entre les instigateurs du projet, les concepteurs et la municipalité (ADUQ et CRE-Montréal, 2015).
Afin de pallier ce manque et faciliter la démarche pour ces projets issus du public, de plus en plus d’instances se dotent de réglements et de guides d’aménagement relatifs aux placottoirs. Certaines municipalités ont simplement intégré ce concept à leur réglementation, comme la Ville de Toronto, alors que d’autres ont développé des guides complets établissant une procédure claire et des critères de design détaillés visant à assurer la qualité des aménagements proposés. C’est le cas notamment des Villes de San Francisco, Seattle, Vancouver, New York, Los Angeles, São Paulo et au Québec, de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal (Montréal).
Ces guides s’intègrent, dans certains cas, dans ces programmes plus larges visant l’aménagement d’espaces publics et de rues complètes, comme c’est le cas du programme Pavement to Parks, à San Francisco (Pavement to Parks, 2015) et Viva Vancouver, à Vancouver (City of Vancouver, 2016).